J’étais ce dimanche sur RTL-TVI pour évoquer le cordon sanitaire et, au vu de la rapidité de l’émission, j’aimerais ici développer mon propos.
François De Smet, Président de DéFI
Pour comprendre pourquoi aller débattre avec l’extrême droite est une faute morale et politique, il faut en revenir à ce qu’est le cordon sanitaire et à sa justification.
Il faut distinguer à mon sens distinguer deux types de cordons sanitaires.
Le cordon sanitaire politique, par lequel on s’interdit de gouverner avec certains partis. Là, effectivement, il y a un débat à avoir sur les extrêmes en général, extrême gauche et extrémisme religieux inclus, et il serait sain que les partis accordent leurs violons.
Le cordon sanitaire médiatique, par contre, est d’une autre nature, et il ne se recoupe pas avec le précédent. Et ici il convient sans doute de faire un rappel.
Dans nos démocraties, la liberté d’expression est la règle première et celle-ci est heureusement très large. Cette liberté elle doit même valoir pour les opinions qui « heurtent, choquent ou inquiètent », comme le rappelle régulièrement la Cour européenne des droits de l’homme. Toutes les idées ont a priori le même droit de se retrouver dans le champ politique. Même quand elles nous dérangent.
Pourtant, il y a une limite qui a été posée dans nos démocraties et qui vise un type de propos précis, particulier: les propos racistes, xénophobes et d’appel à la haine. Et c’est toute la différence. Le cordon médiatique vise un type de propos déterminé, que sont les appels à la haine, et ceux qui en font commerce. Il s’agit de viser le racisme et la xénophobie. Et pourquoi est-il légitime de se protéger contre ces idées ? Parce que, en tant que société, en tant que communauté humaine, historiquement, nous savons que ces idées percolent, qu’elles contaminent et même qu’elles finissent par tuer. Nous savons aussi qu’elles sont très faciles à développer et très laborieuses à déconstruire.
En débattant avec un parti qui défend le racisme et la xénophobie, on agit comme si c’était un parti comme un autre, et de ce fait on contribue à le normaliser. Au-delà des règles statutaires et des codes de bonne conduite, c’est bien cela, la faute commise par le président du MR la semaine dernière.
Heureusement, un autre libéralisme est possible.
2022-04-24