« Si un jour il ne devait rester qu’un parti francophone refusant de gouverner avec la N-VA, ce serait DéFI »

Entre retour dans les écoles et annonce progressive de ce qui ressemble de plus en plus à un retour à la normale, entre mesures de relance économique et amorce d’un nouveau tour de négociations fédérales, l’été s’annonce mouvementé sur la scène politique. François De Smet, le président de DéFI, a donné ce mardi 2 juin, une interview au Soir dans laquelle il réaffirme les positions de DéFI dans cette perspective.

Exonération des charges pour l’Horeca et la culture

Les jours qui viennent vont être cruciaux pour la relance économique, qui sera discutée en kern (les 10 partis soutenant le gouvernement): « On est en train de vivre un moment keynésien par excellence. Même le plus thatchérien des néolibéraux reconnaît qu’il faut emprunter massivement et que les pouvoirs publics doivent injecter de l’argent pour sauver notre économie. Les autorités ont éteint 30% de notre économie du jour au lendemain, tout le monde comprend que c’est à eux de rallumer », estime François De Smet. La mesure phare proposée par DéFI pour la relance ? Celle de l’extension du concept de tax-shelter à cette crise : « Si on arrive à mobiliser ne serait-ce que 10% des 280 milliards d’euros sur les comptes d’épargne des Belges, on aura de quoi financer une bonne partie de la relance. Mon parti propose d’étendre le mécanisme du tax-shelter qui était déjà en place pour les PME, à tous les citoyens. Vous aurez donc l’occasion d’investir votre épargne en échange d’un rendement fiscal de 45 ou à 50%. Ce mécanisme devrait être mis en place pour six mois et uniquement à destination d’entreprises en bonne santé avant l’offensive du virus. » DéFI souhaite aussi pour une exonération des charges, purement et simplement, pour deux secteurs très en difficulté en ce moment, la culture et l’Horeca.

Fiscalité plus juste

François De Smet plaide également pour une revalorisation des métiers de la santé, notamment par l’intermédiaire d’une fiscalité plus juste: « A côté d’une revalorisation salariale, il faut supprimer les niches fiscales : cela déplacera la charge vers les revenus du capital. Remonter la quotité exemptée d’impôt aura un impact direct sur les salaires de tous ces métiers et donnera du pouvoir d’achat de manière durable. »

« Que libéraux et socialistes agissent »

Sur le plan politique, le président de DéFI pense qu’au-delà de l’initiative des présidents socialistes du nord et du sud du pays, les partis politiques doivent prendre leurs responsabilités pour assurer un plan de relance à la hauteur des défis et mené par un gouvernement de plein exercice : « Il faut un gouvernement de plein exercice, majoritaire au Parlement. C’est vital. Sans cela, on ne pourra pas structurer des politiques à la hauteur, mais encore l’Union européenne n’aura pas en face d’elle un partenaire fiable. Je salue à cet égard l’initiative socialiste, le duo Magnette-Rousseau. Il fallait bien que quelqu’un s’y colle. Je plaide à ce stade pour qu’on ne fasse pas un cortège d’échange de notes. Je l’ai dit à mes homologues en tête à tête : si les deux partis libéraux, MR et Open VLD, et les deux partis socialistes, PS et SP.A, pouvaient composer le noyau de départ d’une future coalition, en tout cas se réunir et voir ensemble ce qui est jouable… La famille socialiste est la première du pays, la libérale est deuxième, si elles arrivaient à s’entendre, ce serait un peu comme la France et l’Allemagne en Europe, ça finirait par débloquer les choses. Ils devraient choisir ensemble et assumer leurs choix : avec ou sans la N-VA, avec ou sans les écologistes, avec ou sans le CD&V. »

A quoi ressemblera la N-VA demain ?

Se reposera alors la question lancinante d’un gouvernement avec ou sans la N-VA: « Les lignes bougent, et ça m’inquiète un peu d’ailleurs, tout le paysage politique – en tout cas dans les mots employés – a l’air de devenir N-VA compatible, dit le député fédéral. Si un jour il ne devait rester qu’un parti francophone refusant de gouverner avec la N-VA, ce serait Défi. Attention, quelqu’un comme Peter de Roover est très correct, rapport notamment aux réunions du superkern du samedi. Mais assumer une participation à un gouvernement fédéral, c’est une autre histoire. Je ne vais pas refaire ici la liste de nos griefs vis-à-vis de la N-VA. Je pense avant tout aux connivences avec le Vlaams Belang. Beaucoup de responsables N-VA ne nient d’ailleurs pas que si c’était possible, une grande alliance nationaliste pourrait voir le jour. Moi, mon problème, c’est que je ne sais pas vous dire si dans 3 ou 4 ans, ce parti sera une sorte de CSU (NDLR : l’aile droite du parti d’Angela Merkel en Allemagne) conservatrice flamande tout à fait respectable, ou bien une formation d’extrême droite en cartel avec le Vlaams Belang. C’est ça qui est effrayant. »