Un débat démocratique s’ouvre au Parlement bruxellois concernant le bien-être animal et l’abattage avec étourdissement. Pour DéFI, il est important que ce débat puisse se tenir afin que le Parlement se prononce sur la proposition d’ordonnance portée par Jonathan de Patoul et Ariane de Lobkowicz-d’Ursel (Groen et Open VLD) visant à imposer un étourdissement réversible ou non lors de l’abattage. Objectif pour DéFI, diminuer la souffrance animale lors de l’abattage.

Plus largement, les Bruxelloises et Bruxellois sont soucieux du bien-être animal : 8 Bruxellois sur 10* estiment que la Région de Bruxelles-Capitale peut encore améliorer le bien-être des animaux se trouvant sur son territoire. Nous sommes convaincus que notre proposition est en phase avec ce souhait. Un code bruxellois du bien-être animal est en cours d’élaboration. 
*Selon le rapport de l’enquête « Donnez-nous votre voix » organisée en 2021 par le Ministre du Bien-être animal Bernard Clerfayt

Notre proposition vise uniquement à imposer l’étourdissement préalable (réversible ou non) pour tous les animaux, et ce, dans un souci de leur épargner des souffrances inutiles. Comme le précisent la Cour de justice de l’UE et la Cour constitutionnelle, il n’est pas question, par cette mesure, d’interdire l’abattage rituel en tant que tel, mais uniquement d’encadrer un aspect de l’acte rituel. 

Par ailleurs, l’abattage rituel avec étourdissement préalable se pratique dans de nombreux pays comme l’Indonésie (plus grand pays musulman du monde), la Malaisie, la Jordanie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni ou l’Australie. Cette viande certifiée halal est par ailleurs exportée partout dans le monde, y compris en Région bruxelloise. Pourquoi ne pourrions-nous pas en faire de même ? Notons aussi que le poulet abattu en Belgique est toujours étourdi même dans le cadre d’un abattage rituel. Pourquoi ne serait-ce donc pas possible pour les autres animaux ?

L’Europe n’est d’ailleurs pas en reste : une étude commandée par la Commission Européenne en 2010 estime que 53% animaux abattus de manière halal dans l’Union Européenne sont étourdis (Dialrel, 2010). Plus largement, de nombreux savants musulmans considèrent la viande étourdie avant abattage comme halal pourvu qu’il puisse être raisonnablement garanti que la méthode d’étourdissement utilisée ne provoque pas la mort des animaux avant que la découpe halal ne soit effectuée (Fuseini et al., 2016).

Nous ne sommes pas contre l’abattage rituel et n’avons aucune intention de l’interdire : notre proposition visant à imposer l’abattage avec étourdissement réversible ou non ne conduira donc en aucun cas à interdire la viande halal ou casher.

Un animal qui n’est pas étourdi, et donc inconscient, souffre plus lors de l’abattage : c’est une vérité scientifique indiscutable. Ainsi, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) relevait déjà en 2004 « de graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement ». La FVE (Fédération des vétérinaires d’Europe) indiquait, quant à elle, en 2010, que « l’abattage sans étourdissement est inacceptable, quelles qu’en soient les circonstances ». À son tour, le conseil fédéral du bien-être des animaux soutenait également, en 2010, l’imposition d’un étourdissement préalable à tout abattage.

Une décision politique qui fait significativement avancer la cause du bien-être animal n’a rien d’hypocrite. Au contraire, cette politique reflète la prise en considération d’une préoccupation largement partagée par l’ensemble des Bruxellois et Bruxelloises : celle du bien-être animal. De plus, de nombreux États ont légiféré dans cette direction, à l’instar de la Suisse, de la Norvège, du Danemark, du Luxembourg, de l’Islande, de la Slovénie et du Liechtenstein. 

Par ailleurs, la Wallonie a également interdit l’abattage sans étourdissement dans un consensus quasi-généralisé puisque qu’aucun parti représenté au Parlement wallon ne s’est opposé au décret en faveur de l’étourdissement avant l’abattage (PS, Ecolo, MR, Engagés et PTB, abstention du groupe PTB, vote positif pour les autres groupes mentionnés). 

En déposant ce texte au Parlement bruxellois, nous décidons d’agir là où nous le pouvons, c’est-à-dire au sein de nos frontières et dans nos compétences régionales. Il est normal et démocratique que nous puissions en parler au Parlement bruxellois. Par le biais de notre démarche, nous espérons inciter d’autres États européens et du monde à s’engager sur cette voie.

Il est en effet très probable que de la viande résultant d’abattage sans étourdissement soit importée chez nous, du Nord de la France par exemple. Toutefois, cela reste de la viande plutôt locale considérant le trajet effectué par certains morceaux de viande ou autres aliments vendus en Région bruxelloise. Par ailleurs, le transport ne représente qu’une part très relative (environ 15%) de l’impact environnemental de la viande. L’essentiel du débat doit porter sur les conditions de production de la filière viande et sur notre consommation. C’est la raison pour laquelle nous voulons aller plus loin et plaider pour un label « bien-être » respectueux de l’animal, mais aussi de l’éleveur, du consommateur, des travailleurs et de l’impact environnemental. 

Cette question de l’impact climatique de notre alimentation dépasse largement le cadre du débat de l’abattage avec ou sans étourdissement. C’est un des grands enjeux de notre époque et nous espérons pouvoir y apporter des réponses pragmatiques et non dogmatiques. Nous y œuvrons parallèlement à notre proposition.

Notre proposition s’inspire largement de ce qui a été décidé en Flandre et en Wallonie. Régions qui ont déjà interdit l’abattage sans étourdissement dans un consensus quasi-généralisé. Pour rappel, aucun parti représenté au Parlement wallon ne s’est opposé au décret en faveur de l’étourdissement avant l’abattage (PS, Ecolo, MR, Engagés et PTB). 

Notre proposition est bien différente de celle du Vlaams Belang car notre texte propose un étourdissement réversible ou non pour tout type d’abattage. Notre proposition a pour seul objectif la question du bien-être animal, qui ne peut être à géométrie variable selon les régions du pays. Nous ne voulons en aucun cas être associés à la proposition d’un parti xénophobe et extrémiste dont les intentions sont aux antipodes des nôtres.

Là où certains ne voient aujourd’hui qu’une contrainte, nous pouvons aussi y voir une opportunité.
Une certitude : il faut être attentif à cet aspect dans le débat mais il serait dommage de vouloir opposer enjeux économiques et enjeux du bien-être animal alors que ces enjeux sont conciliables. 

  1. Le secteur aura du temps pour se préparer au changement : le projet d’ordonnance laisse un délai de 36 mois avant exécution pour permettre cette adaptation. 
  2. C’est une opportunité de faire de l’abattoir d’Anderlecht, un abattoir d’excellence en termes de bien-être animal : la tendance, tant du côté des producteurs que des consommateurs , est d’avoir une garantie sur la manière dont l’animal a été abattu. 
  3. Le site des Abattoirs d’Anderlecht a un énorme potentiel, travaillons au développement de projets susceptibles de rencontrer des objectifs d’emplois, de cohésion sociale, de durabilité, et d’innovation pour la Région bruxelloise ; à l’instar de certaines dynamiques déjà lancées sur le site (FoodMet, apéros, champignonnière, etc.) ;

Oui, le bien-être animal doit se concevoir sur l’ensemble de la vie de l’animal. Il faut même aller plus loin et plaider pour un label « bien-être » respectueux de l’animal, mais aussi de l’éleveur, du consommateur et de l’impact environnemental.

C’est d’ailleurs ce que le ministre Bernard Clerfayt fait : il travaille actuellement sur tous ces aspects dans l’élaboration du futur code bruxellois sur le bien-être animal (2023, il devrait donc être voté bien avant l’entrée en vigueur du texte sur l’abattage).

Mais lorsque le sujet refait surface, doit-on faire semblant de ne pas le voir? Le sujet est sensible aujourd’hui et il le sera tout autant demain, qu’il soit pris séparément ou dans un cadre plus global. Ayons confiance en notre débat démocratique. 

Ceci étant dit, dire que l’on ne peut pas avancer sur l’abattage tant que l’on n’avance pas sur le bien-être animal dans son ensemble, cela revient à dire, par exemple, que l’on ne peut pas avancer sur la question du stationnement des trottinettes sur les trottoirs si l’on ne règle pas la question globale de la mobilité…

Notre démarche se veut respectueuse de la liberté de culte. Faire croire qu’il s’agit d’une attaque envers certaines communautés religieuses est un amalgame terrible qui vise à diviser la population bruxelloise et à empêcher la bonne tenue d’un débat démocratique, public et serein, fait d’écoute et de respect. 

Il n’est pas question, par cette mesure, d’interdire l’abattage rituel en tant que tel, mais uniquement d’encadrer, de manière proportionnée et légitime, un aspect de l’acte rituel. En tant que démocrates, nous assurons les pratiquants des religions du respect de leurs libertés, telles que garanties par notre Constitution et les règles de droit européennes.