C’est avec une grande émotion et une infinie tristesse que DéFI a appris le décès de son ancienne présidente et députée. Antoinette Spaak a tiré sa révérence ce vendredi 28 août à l’âge de 92 ans. Personnalité unanimement appréciée dans son parti et par toute la classe politique belge, elle est entrée dans l’Histoire comme la première femme à présider un parti en Belgique, alors le FDF.
Fille d’une des personnalités politiques belges les plus emblématiques du XXe siècle, Paul-Henri Spaak, et petite-fille de la première sénatrice, Marie Janson, Antoinette Spaak a, tout au long de sa vie, porté, au sein du FDF puis de DéFI, haut les convictions européennes, fédéralistes et progressistes de son père et les idéaux féministes de sa grand-mère.
François De Smet, actuel président de DéFI, rappelle : « Avec la disparition d’Antoinette Spaak notre parti, mais aussi notre pays perdent une très grande dame. Elle incarnait au plus haut point la politique dans le sens noble du terme, entre fermeté des convictions et élégance dans le combat. »
En 1971, l’ancien premier ministre et secrétaire général de l’Otan, avait rallié la cause du FDF, convaincu de la nécessité de réformer l’État belge au regard des revendications communautaires flamandes. A sa disparition en 1972, Lucien Outers et André Lagasse proposent à Antoinette Spaak de s’engager en politique et de rejoindre le FDF. « Jusqu’à la mort de mon père, confiera-t-elle dans un livre d’entretiens avec Francis Van de Woestyne (Racine, 2016), ma passion de la politique s’exprimait à travers lui. Quand il est mort, je me suis rendu compte que je restais passionnée par la chose politique. »
Première présidente de parti
Son ascension sera fulgurante puisque, en 1974, elle est élue à la Chambre, avant d’être élue en 1977 à la présidence du FDF. Comme sa grand-mère, elle entre dans l’Histoire comme pionnière : elle est la première femme présidente d’un parti politique belge. C’est à ce titre qu’elle participe aux négociations du Pacte d’Egmont et des accords du Stuyvenberg (1977-1978), des accords de pacification communautaire qui ne seront finalement jamais mis en application, contribuant à entraîner le pays dans une fuite en avant communautaire dont on mesure encore chaque jour, et peut-être même plus que jamais, l’ampleur.
En 1979, Antoinette Spaak est élue triomphalement lors des premières élections pour le Parlement européen. Elle siégera comme députée européenne de 1979 à 1984 et de 1994 à 1999. Entre-temps, estimant ne pouvoir remplir correctement toutes ses fonctions (députée, députée européenne, conseillère communale à Ixelles, présidente), elle cède la présidence du FDF à Lucien Outers en 1982. Elle sera également présidente du Conseil (actuel Parlement) de la Communauté française de 1988 à 1992 et députée bruxelloise en 1999.
En 1993, Antoinette Spaak, André Lagasse et Georges Clerfayt mènent les négociations aboutissant à la constitution de la fédération PRL-FDF, qui deviendra par la suite le Mouvement réformateur. Ils s’opposent à la fusion afin que le FDF puisse conserver ses spécificités. Pour rappel, en 2011, sous l’impulsion d’Olivier Maingain qu’Antoinette Spaak considère comme son « fils politique », le FDF quittera le MR par opposition à la sixième réforme de l’État et à la scission de l’arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde.
Enfin, en 2007, à l’initiative d’Elio Di Rupo, Antoinette Spaak, qui se définissait comme « moitié bruxelloise et moitié wallonne », est désignée pour piloter aux côtés de Philippe Busquin une commission de réflexion sur l’avenir de l’espace francophone belge qui a abouti à la dénomination Fédération Wallonie-Bruxelles. Les conclusions de la commission Busquin-Spaak restent, en 2020, d’une brûlante actualité pour DéFI, à savoir la nécessité de maintenir l’enseignement et la culture comme valeurs communes aux Bruxellois et aux Wallons.
Antoinette Spaak n’a jamais cessé d’incarner et de porter les valeurs du FDF puis de DéFI durant cinq décennies. Elle laisse le souvenir d’une grande dame de la politique, intègre, fidèle et joyeuse, suscitant l’admiration de chacun dans le parti mais aussi dans la classe politique belge et dans les institutions européennes qu’elle a fréquentées.
L’ensemble de DéFI présente à sa famille et à ses proches ses condoléances les plus sincères et lui exprime sa gratitude pour l’ensemble du parcours commun effectué avec Antoinette Spaak.