François De Smet, président de DéFI, était pour la première fois, jeudi 18 juin, invité du rendez-vous politique de la RTBF, Jeudi en prime, pour un tour complet de l’actualité.
A cette occasion, le président de DéFI a rappelé que la proposition venue des deux partis socialistes en vue de la formation d’un gouvernement de tripartite classique méritait d’être prise en considération : « Il y a un projet socialiste intéressant qui met tout le monde devant ses responsabilités et un autre projet de 3 présidents de partis (MR, Open VLD, CD&V) qui ont rattrapé la balle et veulent la garder jusqu’au 21 juillet ! On est repartis pour un carrousel. On va faire quoi ? On va recompter les sièges pour voir ? Avec ou sans le N-VA ? On a toujours été clairs: on ne peut pas gouverner avec ce parti. Je ne sais pas s’il sera dans 5 ans un parti conservateur respectable ou qui aura basculé à l’extrême droite. Avec la proposition Magnette, on pouvait faire un travail de base car l’urgence, c’est la relance économique. DéFI pourrait soutenir une telle formule : nous n’avons que 2 sièges, on ne peut rien bloquer mais on peut débloquer des choses et être constructifs. »
«Un tsunami social et économique »
Pour François De Smet, effectivement, ce qui doit guider les partis politiques, c’est l’urgence de la situation : « On ne parle que d’élections ou de nouvelle réforme de l’Etat. Mais les personnels de la santé ou les artistes, ils ne se demandent pas actuellement pour qui ils vont voter ! Les élections, c’est la plus mauvaise des solutions à cause de la situation du pays. Et parce que le Parlement, lui, est la seule institution qui fonctionne ! On est dans l’oeil du cyclone, un tsunami social et économique, une crise sans précédent dont nous ne connaissons toujours pas l’ampleur! »
Hiérarchisation des normes
Comme à chaque crise belge, la formule d’une réforme de l’Etat est avancée comme solution. Alors, une nouvelle réforme de l’Etat? François De Smet ne le cache pas : « Oui, on l’imagine oui, nous y sommes favorables pour 2024, mais ce n’est pas la priorité actuelle.Dès 2019, on a proposé une réforme de l’Etat citoyenne, pas identitaire comme le veulent les nationalistes flamands. Nous voulons nous centrer sur le renforcement d’un Etat fédéral affaibli mais vers lequel, on l’a vu, tout le monde se retourne en crise. Cela passe par exemple par la refédéralisation des soins de santé et le fait recréer une hiérarchie des normes : dans tous les Etats fédéraux, c’est comme ça, l’Etat fédéral est au-dessus des entités fédérées et non leur égal, et cela marche. »
« La lutte contre le racisme n’est pas si consensuelle chez certains »
A l’heure des débats sur la lutte contre le racisme et sur la décolonisation de l’espace public, François De Smet rappelle que c’est d’abord dans la vie quotidienne plus que dans les symboles qu’il faut placer ses priorités : « Le plan interfédéral de lutte contre le racisme annoncé en 2001 n’est toujours pas prêt ! Il faut dire que la lutte contre le racisme n’est pas aussi consensuelle qu’on le croit chez certains, comme la N-VA. Mon parti a toujours été en pointe sur ces questions : comme ministres à la Région bruxelloise, Didier Gosuin a créé les tests contre la discrimination à l’embauche et Bernard Clerfayt poursuit le travail. »
DéFI a également soutenu la création d’une commission parlementaire sur la colonisation du Congo : « Ce qui est étonnant là-dedans, conclut François De Smet, c’est que les faits ne font pas polémique et font l’objet d’un consensus parmi les historiens mais il y a une chape de plomb par rapport à la façon dont les gens perçoivent ces faits. Cela doit se jouer à l’école. La commission devra dire s’il faut présenter des excuses, le Roi devra décider s’il souhaite le faire mais, comme nous le savons, il ne peut rien dire sans l’assentiment du gouvernement. Quoi qu’il en soit, cela fera du bien à la Belgique tout entière selon moi. Pour nous, l’idéal n’est pas de déboulonner les statues mais de créer un autre monument aux victimes de la colonisation, en un endroit visible. »