François De Smet, Président de DéFI, est l’invité de deux interviews dans la presse quotidienne de ce jeudi 21 janvier. Dans La Libre, notre député fédéral, revient sur l’état de la démocratie en ces temps de coronavirus. Dans le journal Le Soir, c’est la conviction de DéFI en un état laïque pour la Belgique qui faisait l’objet du débat.

Une loi pandémie pour ne plus jouer avec nos libertés

Oui, l’épidémie doit être contenue mais, après un an, les choix et mesures décidés par le gouvernement et des experts ne doivent-ils pas être discutés et validés par le pouvoir législatif ? Où est passé le débat démocratique ? Pour François De Smet, la question est légitime : « Durant la période des pouvoirs spéciaux, la logique des arrêtés ministériels pouvait se justifier. Nous étions face à quelque chose de nouveau, d’inconnu, et la situation sanitaire justifiait l’urgence. Aujourd’hui, je m’interroge. Il est temps que notre démocratie parlementaire puisse connaître un moment de débat au Parlement. Ce n’est pas juste une question de contrôle, mais aussi de délibération : les parlementaires peuvent enrichir les dispositions prises, et améliorer leur portée, en ce compris dans la justification des mesures vis-à-vis de la population. Un événement a été pour moi déclencheur : la prolongation par l’arrêté ministériel “Covid” du 12 janvier 2021 des mesures jusqu’au 1er mars, alors que le Comité de concertation du 8 janvier 2021 n’avait nullement annoncé pareille prolongation. J’ai trouvé les explications du Premier ministre et de la ministre de l’Intérieur peu convaincantes : ici, on atteint les limites de l’exercice ; le gouvernement de plein exercice se comporte en titulaire de pouvoirs spéciaux alors que ce n’est plus le cas. Il est temps désormais que le Parlement fédéral retrouve pleinement son rôle dans le contrôle des mesures attentatoires aux libertés fondamentales, et surtout sur la juste proportion de celles-ci. L’adhésion des citoyens aux mesures privatives ne peut fonctionner que si les mesures paraissent justifiées. C’est pourquoi DéFI demande une loi « pandémie » qui reprenne de toute urgence les restrictions de liberté entérinées par des simples arrêtés ministériels, afin qu’un débat de qualité puisse se tenir au Parlement sur la proportionnalité des mesures. »

Faut-il introduire la laïcité dans la Constitution ?

François De Smet et Sophie Rohonyi signent une proposition de loi novatrice et catégorique par laquelle la Belgique passe d’Etat « neutre » à Etat « laïque ». Notre député fédéral explique : « La neutralité, mot un peu fourre tout, un peu faiblard à mon sens, fait référence à une interdépendance entre l’Etat et les religions, alors que la laïcité affirme la prépondérance de la loi civile sur les prescrits religieux, comme sur les autres convictions, ce qui est la condition du vivre ensemble. J’insiste : il faut rappeler que la laïcité n’est pas l’ennemie des religions mais, au contraire, la condition du vivre ensemble. En Belgique, cela fait 30 ans que j’observe cela, dans tous les débats sociétaux où il est question du religieux : il y a une sorte de lâcheté et de retrait général du politique. Pensez aux signes convictionnels ostentatoires, dont le voile, au sein de l’école obligatoire, où on laisse les établissements décider seuls, avec leurs petits règlements d’ordre intérieur, sans aucune norme… On pourrait parler aussi de l’abattage rituel et d’autres choses où, systématiquement, on laisse opérer soit une décision d’une administration, soit une décision de justice. On doit oser se réapproprier ces questions, de façon non agressive évidemment. Si on ne le fait pas, les extrêmes vont le faire. » 
Alors que WBE (Wallonie Bruxelles Enseignement) vient de donner son feu vert au port de signes ostentatoires dans l’enseignement supérieur de la FWB, François De Smet nuance : « On est dans une démocratie libérale, et le libéralisme, c’est de considérer d’abord les libertés, ensuite les restrictions, et d’évaluer si celles-ci sont légitimes… Dans l’administration, elles sont légitimes car les agents de l’Etat doivent incarner la neutralité ; même chose dans les écoles obligatoires car il faut un cadre de neutralité à l’âge où les convictions, les opinions et les préjugés se forment. En revanche, est-ce que les restrictions sont légitimes pour des femmes et jeunes gens adultes voulant suivre une formation universitaire ou professionnelle ? C’est un sujet qui divise plusieurs formations politiques, qui ne fait pas consensus, je donne ici mon point de vue personnel : je ne vois pas quelle est la justification pour imposer une restriction vestimentaire à des femmes adultes souhaitant s’insérer dans le monde professionnel. C’est très discutable en termes de droits fondamentaux et c’est un mauvais calcul stratégique si l’idée est de lutter contre les replis communautaires et religieux puisqu’il est dès lors de notre intérêt que ces femmes fréquentent au maximum d’autres milieux. Certains voient un « mauvais signal » dans la décision de WBE, le signe que l’on cédera peut-être demain dans l’enseignement obligatoire. C’est pourquoi je lance cet appel : je demande à WBE d’avoir le même courage s’agissant des écoles secondaires, donc de réaffirmer, comme pouvoir organisateur, l’interdiction des signes ostentatoires dans le secondaire. S’ils ne le faisaient pas, alors, oui, il y aurait un déséquilibre. »

Un cours de citoyenneté et d’histoire des religions

Depuis longtemps, DéFI milite en faveur d’un cours de 2 heures de philosophie, de citoyenneté, d’histoire des religions. « On a fait une partie du chemin : il existe un cours d’éducation à la citoyenneté d’une heure ; nous demandons de le porter à deux heures dès que possible. On ne peut pas continuer dans un modèle où on laisse des petits juifs, des petits musulmans, des petits catholiques, des petits laïques évoluer séparément ; il faut absolument que ces jeunes puissent se croiser pour un dialogue inter-convictionnel. Ces deux heures, j’ai envie de dire que c’est tout aussi important que l’inscription de la laïcité dans la Constitution » conclut notre Président