“Le secteur privé crevait de faim pendant la crise et a été complètement oublié par la ministre de la petite enfance”

En janvier 2020, le nouvel arrêté MILAC (MILieux d’ACcueil) portant sur le régime d’autorisation et de subventionnement des milieux d’accueil de la petite enfance entrait dans la danse. Deux mois et demi plus tard, la crise Covid venait achever un secteur déjà sur la sellette. 

Christophe Wambersie, secrétaire général du Syndicat neutre pour indépendants se livrait dans les colonnes de La Libre : « Des indépendantes qui ne roulent pas sur l’or perdent leur travail et il s’agit aussi de solutions qui disparaissent pour les parents qui travaillent. Les employeurs ont également besoin de ces places d’accueil ! Nous sommes favorables à un modèle pluriel où les parents peuvent choisir entre un milieu subventionné et non subventionné. Avant la crise, on avait déjà l’impression d’un deux poids deux mesures. On ne peut pas imposer un modèle public à un système privé.Il nous semble qu’il faudrait deux politiques différentes et deux approches distinctes, selon qu’il s’agisse d’une entreprise publique subventionnée ou d’un milieu privé. Avec, toujours au centre, le bien-être et la sécurité de l’enfant. On sent le secteur à bout de nerfs. Il faut mettre en place un plan d’action d’urgence. »

“On est rabaissé. On nous ramène à rien”

C’est dans les pages de Sudpresse que Stéphanie Nollomont raconte, elle, pourquoi avec d’autres directrices, elles ont créé la FeMAPE, la Fédération des Milieux d’Accueil de la Petite Enfance. Au côté du SNI, Syndicat Neutre pour Indépendants, la FeMAPE a introduit un recours au Conseil d’Etat contre la réforme MILAC. « En réponse, ils ont ressorti un arrêté correctif qui corrige deux ou trois choses mais on sent bien qu’ils nous écoutent, au mieux, mais ne nous entendent pas. Cela fait quinze ans que je travaille dans la petite enfance, et on est rabaissé. On nous ramène à rien. Au début, ils nous appelaient même « les crèches de niveau zéro », en référence maladroite à notre niveau de subventionnement », regrette Stéphanie Nollomont.

Depuis 2015, Séverine Finet, accueillante indépendante en fermeture sanitaire, dénonce l’ingérence de l’ONE mais aujourd’hui la situation est plus que dramatique ! « Cet arrêté correctif ne fait qu’accentuer les craintes du secteur. A ce jour, nous avons perdu 427 places d’accueil. Chaque semaine, ce chiffre ne cesse d’évoluer. Dès le début de la pandémie, Bénédicte Linard, Ministre de la petite enfance, s’est montrée très généreuse avec les parents en les dispensant de payer leur milieu d’accueil, privé ou non. Mais, cette offre généreuse a eu un impact dévastateur sur les fonds propres des milieux d’accueil puisque l’indemnité accordée par la Fédération Wallonie-Bruxelles ne permettait pas de rembourser totalement les parents. »

“Pendant la crise, le secteur privé crevait littéralement de faim !”

Et, ce n’est pas tout. Pour Séverine Finet, conseillère DéFI de l’Action sociale de Sambreville, les politiques n’ont pas assez aidé les milieux d’accueil privés durant la crise : « La ministre de la petite enfance a garanti le maintien des subsides pour les milieux subventionnés mais le secteur privé, pendant ce temps là, crevait littéralement de faim ! Surabondamment, elle demandait aux parents de faire un geste solidaire en ne réclamant pas le remboursement des stages sportifs ou de loisirs de leurs enfants annulés pour ne pas mettre ce secteur en difficulté tout en leur garantissant une déduction fiscale. En parallèle, elle comptait sur la générosité sans faille du secteur privé pour assumer financièrement les cadeaux de dispense octroyés aux parents par un secteur qu’elle venait de mettre à terre en les privant de leur seule et unique source de revenus. »

DéFI sera la voix du secteur à la Fédération Wallonie-Bruxelles

Lors de la déclaration du gouvernement, notre président François De Smet a déclaré que DéFI serait la voix de ceux que la Vivaldi oublierait. DéFI se fera donc la voix des accueillants d’enfants à la Fédération Wallonie-Bruxelles par l’intermédiaire de son chef de groupe Christophe Magdalijns : « Cet arrêté s’attaque à la liberté d’entreprendre des indépendants du secteur. Avec la nouvelle exigence de diplôme, revue à la hausse, de nombreux accueillants ne disposeront plus des qualifications requises pour exercer leur métier. A courte échéance, nous perdrons de nombreuses places d’accueil. Pour DéFI, le but non avoué de toute cette manœuvre est d’éliminer complètement du paysage les milieux d’accueils indépendants (non subventionnés) à l’horizon 2025. C’est inadmissible. Toutes les formules et tous les moyens sont bons pour augmenter le nombre de places d’accueil pour nos petits. »