Le tribunal du travail de Bruxelles a condamné le 3 mai dernier la STIB pour discrimination vis-à-vis d’une candidate voilée qui s’est présentée à un recrutement. Par ordonnance du 3 mai 2021, le tribunal a jugé que la plaignante a été victime d’une double discrimination : directe sur la base de sa religion, la STIB n’ayant pas été en mesure de prouver que le refus d’embauche n’était pas discriminatoire ; et indirecte sur base du genre. Le tribunal demande aussi à la STIB d’abandonner sa politique de neutralité exclusive. Alors, faut-il autoriser le voile dans les services publics ? C’était la question du débat “CQFD” d’Arnaud Ruyssen sur la Première et la Trois avec Farida Tahar, députée bruxelloise Ecolo et sénatrice et notre président et député fédéral, François De Smet.

La STIB fait de nombreux efforts pour davantage de diversité

Pour DéFI, la STIB devrait faire appel de cette décision mais François De Smet précise : « C’est un débat important et tout à fait légitime en démocratie. Selon nous, n’est pas un abominable suspect de fondamentalisme islamiste, celui qui promeut l’usage de signes convictionnels dans l’espace public. Et a contrario, n’est pas non plus un abominable conservateur xénophobe celui qui pour de bonnes raisons de neutralité en promeut l’interdiction. Mais oui, nous considérons que la STIB serait inspirée de faire appel pour plusieurs raisons. La STIB est le premier employeur de la Région bruxelloise et est une entreprise publique avec une politique de diversité qui a fait sa renommée. Par exemple, la STIB depuis 4 ans a réussi à engager 40% de femmes en plus. Il faut voir l’effort qu’ils sont en train de faire. Il y a moins de 6 mois, ils ont obtenu un Belgian Diversity Award parce que, depuis des années, ils font beaucoup d’efforts pour avoir une politique plus inclusive en termes d’emploi. De plus, ce jugement, que je trouve critiquable, ne donnerait plus la possibilité de neutralité dans un service public quel qu’il soit. »Notre Président continue et rappelle : « La liberté de religion, comme toutes les libertés, est fondamentale et c’est la règle. Si vous voulez limiter cette liberté, il faut avoir de bonnes raisons. Pour DéFI, l’idée qu’il nous faut un socle de valeur et un “espace sacré” où aucune religion n’a le droit de cité n’est pas trop demandé quand il se limite à deux endroits : les secteurs publics quand on a un job de représentation et l’école. Ailleurs, on a le droit d’avoir n’importe quel signe religieux et/ou convictionnel quel qu’il soit. »

Le principe de la neutralité lorsqu’on représente le service public

La revendication que la neutralité de notre pays devienne inclusive (et non plus exclusive) et qu’elle reflète davantage la société ne date que du moment où des femmes musulmanes ont demandé de pouvoir porter le foulard dans des entreprises publiques. François De Smet pose la question : « Est-ce qu’une femme musulmane qui fait l’effort de ne pas porter le foulard est-elle moins musulmane qu’une femme qui porte le foulard ? Bien sûr que non, elle l’est tout autant dans son coeur et dans sa croyance. Est-ce qu’une femme musulmane, comme à la Ville de Bruxelles, porte un foulard en allant travailler, l’enlève pendant son temps de travail et le remet lorsqu’elle quitte son lieu de travail, n’est-elle pas tout aussi musulmane que celle qui décide de garder son foulard ? Alors, qu’est-ce qui fait que pour quelques personnes, un signe convictionnel tel quel le foulard, ne peut pas être mis de côté quelques heures ?

Pour DéFI, dès le moment où vous représentez le service public et l’autorité publique, de la même manière qu’il peut y avoir un uniforme dans certaines sociétés, l’uniforme du service public, c’est la neutralité et donc une forme de laïcité. »