Une fois n’est fait pas coutume je voudrais commencer par vous remercier. Vous remercier d’avoir maintenu la vaccination d’AstraZeneca et de ne pas avoir cédé à ce mouvement irrationnel et de panique qui a saisi toute l’Europe. Il est évident que les avantages de la vaccination l’emportent largement, et que chaque jour où nous ralentissons cette vaccination se paiera en victimes et en jours de confinement supplémentaires.

Malheureusement, nous sommes encore au creux de la bataille. Car ça y est, nous sommes probablement au début d’une troisième vague. Nous voulions tous l’éviter, nous l’avons sans doute ralentie, mais elle est là. Il est de votre devoir de rassembler vos troupes, en ce compris ceux qui au sein de votre gouvernement ne s’expriment que pour donner de faux espoirs. L’heure n’est plus à la compétition pour savoir qui veut rouvrir en premier les coiffeurs, les restaurants ou les théâtres. L’heure est à la mobilisation générale pour en finir une fois pour toutes avec ce virus.

Voyez ce qui se passe en Angleterre ou aux Etats-Unis. Il est frappant de voir combien ces pays, durement touchés par le covid, sont en train de remporter la bataille de la vaccination par la force de leur pragmatisme. Ils ne passent pas leur temps à se bagarrer pour savoir si tel vaccin est meilleur qu’un autre ou à faire des surenchères; ils mobilisent toutes les volontés, sept jours sur sept, pour vacciner, vacciner, vacciner. Et ça ne fait aucun doute: ils retrouveront une vie normale avant nous. Il est temps de s’en inspirer.

Il est de votre devoir de rassembler, de convaincre et de retrouver l’adhésion de la population. En accélérant la vaccination, coûte que coûte. En développant les tests rapides. En développant, surtout, un message enfin mobilisateur. Ce n’est pas qu’une question de logistique, c’est avant tout une question de confiance pour franchir ce taux de couverture indispensable et s’approcher de cette immunité collective; il appartient aux autorités publiques de marteler, de mobiliser, de donner confiance, d’être pédagogique, de délivrer ce message pro-vaccination seul en mesure de couper la chaîne de transmission du virus.

Il est temps, aussi, de faire davantage confiance à la démocratie parlementaire. Je sais qu’il y a actuellement des discussions sur le projet de loi pandémie de votre gouvernement. Mais la situation actuelle le montre: plus il y a d’incertitudes, plus il y a d’arbitrages à faire entre santé, économie, santé mentale, plus il est nécessaire que vous vous reposiez sur ce parlement. Vous devez sortir de ce triangle infernal entre codeco, experts et lobbies. Le parlement sert à cela.

Je vous le demande une fois encore: ne restreignez plus de libertés, ne faites plus d’arbitrages par voie d’arrêtés ministériels, et faites enfin confiance aux représentants élus de ce pays pour partager avec vous le poids des responsabilités et celui de l’adhésion.

Je vous remercie.

François De Smet