Olivier Maingain, bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert et ex-président de DéFI, était l’invité du Grand Oral RTBF/Le Soir ce samedi 17 avril pour faire le point sur la gestion de la pandémie, sur l’affaire du Sofagate mais aussi sur les enjeux de DéFI.

Le Sofagate, révélateur d’une concurrence à la tête de l’Union européenne

Depuis plusieurs jours, les images du “Sofagate” font le tour de l’Europe : lors d’un voyage diplomatique européen à Ankara, Ursula Von Der Leyen reléguée sur un canapé, alors que Charles Michel est installé sur un siège central, aux côtés d’Erdogan, le président turc. Les protocoles sont remis en question et Olivier Maingain explique : « Sur le plan des principes, j’ai apprécié l’analyse de Franklin Dehousse dans Le Vif, à propos de l’obésité institutionnelle de l’Union européenne. Le Sofagate est révélateur d’une concurrence, d’une sorte de hiérarchie à la tête de l’Union européenne, pour tenter d’établir qui a la préséance, au-delà de la question purement protocolaire, même si le fait qu’il y ait deux protocoles distincts pour la Commission et pour le Conseil est déjà révélateur en soi. La vraie question est : qui représente l’Union européenne ? Fondamentalement, c’est révélateur du manque d’estime pour l’UE, et c’est ça qui est préoccupant. Pour être respecté, il faut qu’il existe une autorité qui soit incontestée et incontestable. Je crois que l’autorité, on l’obtient par le suffrage universel, par le Parlement européen. Il serait bien qu’il y ait donc un seul représentant de l’exécutif européen qui soit investi de la confiance du Parlement européen. Aujourd’hui, c’est quand même la Commission qui l’a davantage que le président du Conseil. Donc je pense que la préséance doit être donnée à la présidente de la Commission européenne. Globalement, dans cette affaire, la grande perdante c’est l’Union européenne. De son côté, monsieur Erdogan a sans doute eu la satisfaction de constater les  conséquences de ce faux-pas. On ne peut pas se permettre le luxe de ces rivalités  protocolaires. Il y a autre chose à faire au niveau européen. »

Le principe de légalité et l’Etat de droit

Alors que le Codeco annonçait de nouvelles mesures la semaine dernière, Olivier Maingain revenait sur le principe de légalité des mesures mais aussi de la décision du Conseil d’Etat sur la succession des arrêtés ministériels dictant les mesures Covid-19 depuis le début de la crise. « C’est l’un des premiers enseignements de cette crise : je suis très perturbé de voir que dans un certain nombre de débats, quand une décision de justice prononce l’illégalité des mesures gouvernementales, il y a des ministres qui haussent les épaules, notamment monsieur Vandenbroucke. Et d’un autre côté, des bourgmestres qui disent « allez-y pour la désobéissance civile! » Dans un État de droit, quand vous avez des arguments juridiques et que la mesure qui doit être respectée n’est pas pertinente sur le plan légal et constitutionnel, il y a des voies de recours. En tant que bourgmestres, plutôt que d’encourager la désobéissance civile, exercez un droit de recours. Quand vous avez de bons motifs pour considérer qu’il y a de l’illégalité dans les mesures gouvernementales – ce que je crois – alors allez en justice. Proposez des aides juridiques et financières aux secteurs concernés. C’est ça le principe de la légalité de l’État de droit. » Pour le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, l’absence de prise en considération par le gouvernement de la proposition de label Covid safe émanant de trois experts est inquiétante : “c’est une réflexion qui tient compte des lieux et plus des secteurs. Cela mérite un débat public et politique qui n’a pas encore été initié par le gouvernement. Ça permettrait aux citoyens de comprendre la logique de certaines mesures”.