Alors que les médecins épuisés et débordés se démènent pour surmonter la deuxième vague de Covid-19 et craignent une troisième vague, les partis de la majorité fédérale ont rejeté la proposition de loi déposée par les députés DéFI Sophie Rohonyi et François De Smet en vue de supprimer les quotas Inami.

Une proposition qui va dans le sens des déclarations d’Emmanuel André en commission spéciale Covid-19 le 20 novembre dernier : « Pour mieux gérer la crise, il aurait fallu plus de médecins !  Cela fait 15 ans que je dis qu’il faut revoir le système de numerus clausus. Il ne faut pas de tabou. Il faut plus de médecins. »

La pénurie de médecins menace le droit d’accès à des soins de qualité pour tous

« En près d’un an, la crise sanitaire nous a énormément appris. Elle nous a également rappelé certaines choses fondamentales: l’importance de notre système de soins de santé, mais aussi du personnel soignant qui porte aujourd’hui ce système à bout de bras. Parmi eux, des médecins qui viennent sérieusement à manquer. Une pénurie qui menace le droit d’accès à des soins de qualité pour tous. », déclare Sophie Rohonyi en séance plénière de La Chambre ce jeudi 14 janvier 2021.

« L’absence de prise en charge à temps renforce les inégalités et ce qu’il y  a malheureusement lieu d’appeler une médecine « à 2 vitesses » ou les personnes avec une bonne situation financière obtiennent des rendez-vous rapidement en consultation non-conventionnée, là où les personnes les plus défavorisées doivent attendre parfois des mois pour une consultation entièrement remboursée. »

De nombreux jeunes ont été impressionnés par les héros de la crise, par ces médecins qui ont sauvé des vies. Ils  veulent à leur tour embrasser une carrière de médecin. Ne cassons pas leur rêves. Et défendons des soins de santé accessibles pour tous.

La pénurie de médecins ne touche pas que les francophones

Une pénurie qui guette aussi la Flandre :  pour 3,3 médecins partant à la retraite, un seul est formé pour le remplacer. Cet indice de remplacement est quasiment identique en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. 

La proposition de DéFI entend également répondre à l’injustice du système selon lequel il suffit d’aller étudier dans un autre pays européen, comme la Roumanie qui propose des études en français, pour avoir d’office droit à un numéro Inami au retour au pays, ce qui est intolérable pour ceux qui étudient dans nos universités.

La majorité renie ses promesses électorales

Malgré ces situations qu’ils reconnaissent eux-mêmes, le MR, le PS et Ecolo ont rejeté le texte de DéFI début décembre, reniant ainsi leurs promesses électorales.

On se souvient des déclarations du professeur Jacques Brotchi (MR), de Laurette Onkelinx (PS), mais aussi de la proposition de résolution déposée par Muriel Gerkens (Ecolo) pour supprimer le système des quotas Inami afin de corriger l’inadéquation existante entre l’offre médicale de médecins et dentistes et les besoins de la population en soins de santé.

Pour justifier ce rejet, ces partis se sont réfugiés derrière l’accord de gouvernement de la Vivaldi qui prévoit une évaluation du système avec les entités fédérées, concession accordée aux partis néerlandophones du gouvernement qui ont fait de ce dossier un combat communautaire depuis des années.

La majorité a refusé d’entendre les acteurs de terrain

Un argument qui ne tient pas, selon DéFI, puisque la députée Sophie Rohonyi a précisément proposé à ses collègues d’évaluer le système et d’objectiver la pénurie de médecins en entendant les organisations représentatives de médecins et d’étudiants en médecine du Nord et du Sud du pays.

Une demande rejetée par les partis de la Vivaldi qui n’ont voulu ni clarifié l’accord de gouvernement et son « mécanisme de responsabilisation prévu en cas de non-respect des quotas fédéraux », ni répondre aux arguments pragmatiques soulevés par DéFI. 

Ce refus est une nouvelle gifle pour les médecins

Pour Sophie Rohonyi, « l’attitude des partis nationalistes n’a rien d’étonnant vu qu’ils ont toujours communautarisé ce dossier, allant jusqu’à qualifier notre texte de “slogan populiste scandé par ceux qui n’y connaissent rien”, une insulte pour les acteurs de terrain qui dénoncent la pénurie de médecins. En revanche, voir les partis de la majorité se réfugier derrière un accord de gouvernement pour nier leurs promesses électorales et refuser d’entendre le secteur est une nouvelle gifle pour ces médecins qui réclament du renfort depuis trop longtemps. »