Alors que les médecins épuisés et débordés se démènent pour surmonter la deuxième vague de Covid-19 et craignent une troisième vague, les partis de la majorité fédérale ont rejeté ce mardi la proposition de loi déposée par les députés DéFI Sophie Rohonyi et François De Smet en vue de supprimer les quotas Inami.
Une proposition qui va dans le sens des déclarations d’Emmanuel André en commission spéciale Covid-19 le 20 novembre dernier : « Pour mieux gérer la crise, il aurait fallu plus de médecins ! Cela fait 15 ans que je dis qu’il faut revoir le système de numerus clausus. Il ne faut pas de tabou. Il faut plus de médecins. »
La pénurie de médecins ne touche pas que les francophones
Une pénurie qui guette aussi la Flandre : pour 3,3 médecins partant à la retraite, un seul est formé pour le remplacer. Cet indice de remplacement est quasiment identique en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles.
La proposition de DéFI entend également répondre à l’injustice du système selon lequel il suffit d’aller étudier dans un autre pays européen, comme la Roumanie qui propose des études en français, pour avoir d’office droit à un numéro Inami au retour au pays, ce qui est intolérable pour ceux qui étudient dans nos universités.
La majorité renie ses promesses électorales
Malgré ces situations qu’ils reconnaissent eux-mêmes, le MR, le PS et Ecolo ont rejeté le texte de DéFI, reniant ainsi leurs promesses électorales.
On se souvient des déclarations du professeur Jacques Brotchi (MR), de Laurette Onkelinx (PS), mais aussi de la proposition de résolution déposée par Muriel Gerkens (Ecolo) pour supprimer le système des quotas Inami afin de corriger l’inadéquation existante entre l’offre médicale de médecins et dentistes et les besoins de la population en soins de santé.
Pour justifier ce rejet, ces partis se sont réfugiés derrière l’accord de gouvernement de la Vivaldi qui prévoit une évaluation du système avec les entités fédérées, concession accordée aux partis néerlandophones du gouvernement qui ont fait de ce dossier un combat communautaire depuis des années.
La majorité a refusé d’entendre les acteurs de terrain
Un argument qui ne tient pas, selon DéFI, puisque la députée Sophie Rohonyi a précisément proposé à ses collègues d’évaluer le système et d’objectiver la pénurie de médecins en entendant les organisations représentatives de médecins et d’étudiants en médecine du Nord et du Sud du pays.
Une demande rejetée par les partis de la Vivaldi qui n’ont voulu ni clarifié l’accord de gouvernement et son « mécanisme de responsabilisation prévu en cas de non-respect des quotas fédéraux », ni répondre aux arguments pragmatiques soulevés par DéFI.
Ce refus est une nouvelle gifle pour les médecins
Pour Sophie Rohonyi, « l’attitude des partis nationalistes n’a rien d’étonnant vu qu’ils ont toujours communautarisé ce dossier, allant jusqu’à qualifier notre texte de “slogan populiste scandé par ceux qui n’y connaissent rien”, une insulte pour les acteurs de terrain qui dénoncent la pénurie de médecins. En revanche, voir les partis de la majorité se réfugier derrière un accord de gouvernement pour nier leurs promesses électorales et refuser d’entendre le secteur est une nouvelle gifle pour ces médecins qui réclament du renfort depuis trop longtemps. »