Ce mercredi 25 novembre, ce sera la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

L’occasion de rappeler que la violence (sexuelle, physique, psychologique, économique)  à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues au monde. Elle demeure également l’une des moins signalées en raison de l’impunité, du silence, et du sentiment de honte qui l’entourent.

La Belgique n’est malheureusement pas exempte du phénomène.

Déjà 18 féminicides recensés en 2020 en Belgique

Une femme sur cinq (20%) a été victime de viol. Un chiffre alarmant qui s’accompagne d’une culture du viol, puisque, selon un sondage réalisé par Amnesty International Belgique, 48% des hommes estiment qu’il existe des « circonstances atténuantes » liées à la victime dans certains cas, rendant cette dernière en partie responsable de son agression (vêtements sexy, elle n’a pas dit explicitement « non »…).

Cette année, 18 féminicides ont également été recensés par le blog Stop Feminicides, à défaut de voir la Belgique disposer d’un outil officiel de recensement comme l’impose pourtant la Convention d’Istanbul.

Violences intrafamiliales : nous avons besoin d’une stratégie de prévention

Dès le début de son mandat, notre députée fédérale Sophie Rohonyi a déposé une proposition de loi visant à dépénalisant totalement à l’IVG et à en assouplir les conditions, et ce afin de permettre à chaque femme d’avorter dans de bonnes conditions. Une grossesse forcée est en effet une violence faite aux femmes parmi d’autres.

Elle a également déposé deux textes à la fois:

  • l’un visant à inscrire le féminicide dans le Code pénal.
  • l’autre visant un plan d’action national contre les violences faites aux femmes.

Comme l’explique Sophie Rohonyi, “si l’Espagne est aujourd’hui un exemple en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, c’est parce qu’elle a traité les violences intrafamiliales comme un problème global qui nécessite une approche globale, autrement dit une stratégie complète de prévention, d’aide et de soutien aux victimes, et de répression”.

Un plan d’urgence qui mobilise tous les acteurs

Une nouvelle proposition de résolution visant à un plan d’urgence dans le cadre de la crise sanitaire a ainsi pu être adoptée en juin dernier. 

Ce texte mobilise tous les acteurs:

  • La Justice, qui devra dorénavant considérer l’éloignement de l’auteur de violences du domicile de la victime comme une priorité, et renforcer en conséquence la mesure d’interdiction temporaire de résidence, interdiction qui pourra être assortie d’une interdiction de contact, même pour les victimes ne résidant pas avec l’auteur de violences.
  • Les zones de police, qui devront développer les outils d’évaluation de risque de violence intrafamiliale, qui devront conclure des protocoles d’accords entre les zones de polices disposant d’une permanence 24h/24 et celles n’en disposant pas, ou encore s’engager à prendre contact avec les victimes des 3 derniers mois, comme l’a fait la zone de police Bruxelles-Nord.
  • La police fédérale, qui devra élargir la plateforme de signalement en ligne “Police-on-web” aux cas de menaces, de harcèlement et de coups et blessures, laquelle pourra être accompagnée d’un chat. 
  • Les opérateurs télécoms, qui devront être sensibilisés à la nécessité de supprimer toute trace d’appels des services d’écoute des victimes sur les factures téléphoniques.
  • Les pharmacies, qui devront être, dans tout le pays, et non plus dans certaines communes ou régions, des points de contact pour les victimes. 
  • Les centres commerciaux et les supermarchés qui diffuseront les informations relatives aux dispositifs d’aide aux victimes de violences intrafamiliales mis en place par les associations et les pouvoirs publics.

Des avancées certes, mais il reste encore du chemin à faire

De son côté, la Région de Bruxelles-Capitale a généralisé la prise de contact dans les commissariats de police avec les victimes connues de violences, de même qu’elle a prévu la mise à disposition de chambres d’hôtels, en cas de saturation du réseau des maison d’accueil ou des refuges pour femmes victimes de violence.

Enfin, DéFI reconnaît l’ambition du nouveau gouvernement fédéral en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, avec entre autres, :

  • l’élaboration d’un plan d’Action National de lutte contre la violence basée sur le genre.
  • la formation obligatoire des magistrats en matière de violences intrafamiliales.
  • la création d’un réseau de 10 Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles et un Centre d’Expertise Violences Sexuelles au sein de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.
  • la protection effective des jeunes filles contre les mutilations génitales féminines.

DéFI restera toutefois vigilant, car de nombreux points restent imprécis, comme :

  • la lutte contre la récidive sans augmenter le budget des centres de prise en charge des délinquants sexuels malgré l’augmentation de dossiers à prendre en charge.
  • le recours à la médiation pénale dans les cas de violences faites aux femmes “dans le respect des besoins des victimes”.
  • l’inscription du féminicide dans le Code pénal “après avoir recueilli les avis d’experts ».